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Ramsès II
LE PHARAON |
RAMSES II - XIXème
dynastie - 1281 à 1214 av JC |
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Buste d'une statue de
Ramsès
II.
Ce buste fait partie d'une statue assise de Ramsès II. Le pharaon est coiffé
d'une perruque courte (en vogue à l'époque), ceinte d'un bandeau orné de
l'uræus (symbole royal). Le visage est jeune, les sourcils saillants, les
yeux fins, la bouche petite. Il porte un large collier de perles sur son
vêtement plissé. Il tient de la main droite le sceptre héqa et porte au
poignet un bracelet décoré de l'oeil oudjat qui symbolise la santé et la
perfection divine.
Une
impression de grandeur se dégage de cette statue.
Musée du Caire - Granit -
H : 80 cm - Origine : Tanis. |
Un règne de 67 ans
Lorsque
Ramsès
II, fils de Séthi Ier, accède au trône, il a 25 ans, il le quittera à 90 ans
passés. La longueur de ce règne exceptionnel (67 ans) va lui permettre de
réaliser une oeuvre colossale.
Ramsès
II bat des records aussi dans le nombre de ses épouses, concubines et
enfants. Les deux Grandes épouses royales sont
Néfertari et Isisnofret. Il a
de nombreuses concubines et n'aura pas moins de 52 fils et 50 filles dont
quatre devinrent également ses femmes. L'une d'elle,
Meritamon sera élevée au rang de Grande Epouse après le décès de sa
mère, Néfertari. Il épousera aussi deux princesses
hittites. On vient de retrouver (début 2006) à Hattusa (la capitale hittite
au coeur de l'Anatolie) une abondante correspondance en Akkadien qui retrace
les circonstances du mariage de Ramsès II avec une princesse hittite. On
apprend que le mariage était assorti d'une clause d'assistance mutuelle.
Comme tous
les Grands pharaons, Ramsès
II s'est distingué dans la guerre et dans les constructions, c'est un
guerrier intrépide et un bâtisseur infatigable. Mais en plus de ces qualités
qui relèvent directement de la mission de tout pharaon,
Ramsès
II possède l'art de communiquer et de se valoriser en utilisant la
propagande. Toutes ces inscriptions destinées à sa glorification nous
permettent aujourd'hui de bien connaître son oeuvre.
La célèbre bataille de Qadesh : une défaite transformée en victoire!
Ramsès
II veut récupérer les territoires perdus sous Akhenaton et réitérer les
exploits militaires de Thoutmosis III. Il va donc devoir affronter l'ennemi
héréditaire hittite dont le centre de l'Empire se trouvait en Anatolie. Les
deux grands Empires du moment veulent contrôler la Syrie qui constitue le
carrefour commercial entre le monde égyptien et le monde mésopotamien. Le
pays d'Amourrou (Liban actuel), dans une position hautement stratégique, est
âprement disputé.
En l'an IV de son règne,
Ramsès
II entreprend une campagne militaire en Phénicie et l'Amourrou du prince
Benteshina se sépare de la mouvance hittite. Ramsès II, retourne en Egypte
et laisse les Néarins sur place pour contrôler la situation.
L'année
suivante (an V), le chef hittite Mouwattali concentre des troupes coalisées
importantes (30 000 hommes et 3000 chars) près de Qadesh (en Syrie
actuelle), ville fortifiée sur l'Oronte.
De son
côté, Ramsès
II prépare à Pi-Ramsès, pendant l'hiver, ses troupes : plus de 20 000 hommes
avec 2 500 chars. Il part, accompagné de plusieurs de ses fils, le neuvième
jour du mois de Shemou (l'été) et se dirige vers la ville de Qadesh.
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Arrivé
à pied d'oeuvre avec la division d'Amon, le pharaon apprend par deux
paisibles bédouins que Mouwattali se trouve encore à 200 km de là. Le roi
égyptien, rassuré et confiant, installe son campement sur la rive ouest de
l'Oronte pour prendre rapidement la ville sans défense. Il fait l'erreur de ne pas
attendre la suite des armées : les divisions de Rê, de Ptah et de Seth sont
encore loin. Mais les deux bédouins, après la bastonnade, se révèlent être
deux espions hittites et avouent que Mouwattali, à la tête d'une armée fort
nombreuse, se tient juste derrière Qadesh, sur la rive est.
Ramsès
II est pris au piège, il envoie un courrier pour appeler le reste de son
armée à la rescousse. Mais les Hittites, supérieurs en nombre, attaquent
brusquement, ils taillent en pièce la division d'Amon et déciment la
division de Rê alors qu'elle arrive, elle s'apprête à traverser le fleuve à
gué et n'est pas en position de combat. Croyant la victoire
facilement acquise, les Hittites s'attardent à piller le campement égyptien. Pharaon
est obligé de s'enfuir sur son char, mais il profite du moment de répit pour
galvaniser ses hommes et rassembler ses troupes d'élite pour lancer des
contre-attaques.
Pendant ce
temps, les division de Ptah puis les Néarins arrivent et ce sont
maintenant les Hittites qui sont encerclés et jetés au fleuve. Les
Hittites abandonnent la bataille et se réfugient dans la forteresse
après avoir subi de lourdes pertes.
Après la bataille, afin de décompter les ennemis tués, les Egyptiens
coupent et ramassent les mains de leurs adversaires.
Ramsès II n'a pas les moyens de
prendre Qadesh et les Hittites, très affaiblis, restent à l'abri dans leur
forteresse.
Mouwattali propose d'arrêter l'affrontement, Ramsès II accepte et rentre en
Egypte. |
Ramsès
II a réussi à éviter la défaite totale mais Qadesh n'a pas été prise et l'Amourrou
lui échappe. Le pharaon égyptien n'a donc pas triomphé de son ennemi mais il
se glorifie d'avoir gagné une grande bataille. La "victoire" de Qadesh est
gravée et peinte sur les murs des temples puis est célébrée dans le "poème de Pantaour" (scribe). Il s'agit d'une
sorte de chanson de geste qui retrace le rôle héroïque de Ramsès II dans le
combat. On y apprend que le pharaon se trouvant isolé et submergé dans la
bataille s'adresse alors au dieu Amon pour lui demander assistance en retour
des temples qu'il a construits pour lui. Amon répond
: "Je suis avec toi, je suis ton père et ma main est avec toi. Je vaux mieux
que des centaines de milliers d'hommes. Je suis le maître de la victoire".
Fort du soutien divin, Ramsès II se lance vaillamment dans la bataille et
massacre des milliers de Hittites. C'est la première fois qu'un Dieu
intervient directement dans une bataille pour donner la victoire à son fils
divin.
On connaît aussi deux autres batailles de Qadesh, celles de Thoutmosis III
et celle de Séthi Ier, mais on en sait peu de choses et on n'est même pas
certain qu'il s'agisse de la même ville.

La
bataille de Qadesh est représentée sur le grand pylône du temple d'Amon
à Louxor. A l'origine, les reliefs étaient sculptés sur un enduit blanc
et peints. Le poème de Pentaour est gravés sur les registres inférieurs.
Les temples de Karnak, d'Abydos, d'Abou-Simbel et le Ramasseum
reprennent aussi le thème de la victoire de la bataille de Qadesh afin de
glorifier le pharaon et de montrer qu'il accomplit bien son rôle de
guerrier protecteur. |
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La partie gauche
gauche figure Ramsès II seul dans la mêlée sur son char, chevauchant les
ennemis hittites et tirant des flèches avec son arc. |
La
partie droite montre le camp égyptien et le pharaon sous sa tente tenant
conseil avec ses généraux. En dessous, les espions hittites sont
bastonnés. |
Le
premier traité de paix connu de l'Histoire
En l'an 21 du règne de
Ramsès II, Mouwattali étant mort, la montée en puissance de l'Assyrie (qui
s'empare du Mitanni) pousse Ramsès II et Hattousil III à signer un traité de
paix (le premier de l'Histoire). Le traité, rédigé dans la langue
diplomatique de l'époque, le babylonien, met fin aux hostilités entre les
deux grands Empires. Le texte, placé sous la protection de Seth pour
l'Egypte et de Arinna pour les Hittites, est gravé sur une plaque d'argent.
Il stipule la paix, la non agression, le respect du principe de légitimité
successorale, l'extradition des fuyards. L'Egypte renonce à l'Amourrou mais
conserve son protectorat sur Canaan et les ports phéniciens. Le pharaon
consolide ses relations avec l'Empire hittite en épousant deux filles de
Hattousil.
Les constructions
Ramsès II a été un grand bâtisseur :
- il achève les constructions commencées par son père
Séthi Ier : notamment la couverture de la salle hypostyle de Karnak et le
complexe funéraire d'Abydos
- il construit son palais près de Tanis, à
Pi-Ramsès, et y installe le
centre administratif de l'Egypte.
- il agrandit le temple de Louxor et fait édifier des temples à Abydos,
Memphis, Héliopolis...
- il restaure les images effacées sous Akhenaton
- il construit son temple de Million d'Années : le Ramesseum à Thèbes
- il fait creuser sa tombe dans la vallée de Rois (située dans une zone
humide, elle est en très mauvais état et a été complètement pillée)
- sa réalisation la plus prestigieuse est le temple d'Abou Simbel en Nubie
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Ramsès
II construit en Nubie, à Abou Simbel, deux énormes temples. L'un est dédié
aux dieux Amon, Ptah et Rê Horakhty, l'autre à son épouse favorite
Néfertari, aux déesses Isis et Hathor. Ramsès II n'oublie pas de s'y faire
représenter comme un véritable dieu : sous la forme du faucon, il accomplit
lui-même tous les rites de l'offrande divine. |
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La
bataille de Qadesh est représentée également dans le temple
d'Abou Simbel. Ici, les chars des deux armées s'affrontent. |
Dans le
domaine de l'art, Ramsès II crée un style monumental harmonieux : colonnes
monostyles, statuaire en haut-relief, statues adossées, généralisation du
relief en creux, abondance de l'épigraphie. |
L'exploitation de
la Nubie
Ramsès II fixe sa capitale dans le delta pour deux raisons :
- c'est la terre de ses ancêtres
- pour des motifs stratégiques : les peuples de la mer menacent le delta et
l'Empire Assyrien est en pleine expansion.
Mais pour résister à tous ces envahisseurs, l'Egypte a besoin du pays de
Koush (la Nubie) qui lui procure de l'or (pour acheter des alliances), des
matières premières (bois, bétail, cuir...), des hommes pour l'armée. Ainsi,
Ramsès II, tout comme Séthi Ier, va largement exploiter la Nubie et marquer
son empreinte par la construction de nombreux temples (dont Abou Simbel
ci-dessus).
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Le roi divin
Plus que tout autre pharaon, Ramsès II met en avant son aspect divin. Dans
le temple d'Abou Simbel, il se fait représenter à côté des dieux, comme leur
égal. Il en viendra même à se faire représenter en train de s'offrir des
offrandes à lui-même. Il proposa aussi à l'adoration ses propres idoles
dites "dieux de Ramsès". A Karnak, on l'appelle "Méïamoun" (l'aîné d'Amon).
Il a cependant favorisé le culte héliopolitain du Soleil et le dieu
Seth vénéré dans le delta. Il honora aussi volontiers les divinités
cananéennes (Bâal en particulier).
La trentième année de son règne, Ramsès II célèbre son premier jubilé (fête
Sed). Il en fêtera quatorze! (en théorie, les jubilés ne se fêtaient que
tous les trente ans de règne).
Ci contre, Ramsès II assis entre les dieux Amon et Mout - musée de Turin
- Origine : Kanark? |
La mort du pharaon
(roux?)
Ramsès II meurt la 67ème année de son règne (il devait avoir 92 ans), il
avait auparavant associé deux de ses fils au trône, d'abord Khâemouaset son
fils préféré puis
Mérenptah, le treizième de ses fils (les douze premiers étant déjà morts),
c'est lui qui lui succède mais il sera un piètre
pharaon.
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La momie de Ramsès II
a été retrouvée, avec beaucoup d'autres, dans la cachette de Deir el-Bahari.
Exposée au musée du Caire, elle était menacée de destruction par un
champignon. Elle fut transportée à Paris en 1976 pour être traitée et
préservée, 102 scientifiques ont participé à cette tâche. Les études sur la momie ont révélé que le pharaon était grand
(1,76 m), qu'il souffrait d'arthrose et qu'il était roux, comme le dieu
Seth. Certains se sont émus de cette couleur de cheveux et prétendent qu'ils
ne reconnaissent plus la momie après son traitement aux rayons X au Centre
nucléaire de Saclay. Cette
couleur de cheveux serait le résultat de l'irradiation ou d'une teinture au
henné. Selon eux, Ramsès était bien de type négroïde. |
Une postérité
exceptionnelle
Si Ramsès II est si connu* et si sa gloire s'est perpétuée jusqu'à l'époque
romaine, il le doit certes à ses capacités personnelles (militaire et
bâtisseur) et à la longueur d'un règne qui lui a donné le temps de laisser
de nombreuses traces monumentales. Mais il le doit aussi surtout à l'art
qu'il avait d'utiliser la communication, la propagande. Ramsès II a su
utiliser la religion à son profit, il s'est déifié lui-même, il est le
premier à mettre en place un tel culte de la personnalité. En ce sens, c'est
un souverain "moderne" et peut-être même un tyran qui maîtrisait toutes les
armes du pouvoir absolu.
* On a longtemps dit
que Ramsès II était le pharaon de l'épisode biblique avec Moïse et la fuite
d'Egypte du peuple hébreu ce qui apparaît de plus en plus comme une erreur
LE PHARAON |
RAMSES II - XIXème
dynastie - 1281 à 1214 av JC |
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